A ce jour, 200 000 Français atteints d’obésité ont pu bénéficier de la chirurgie bariatrique. En plein essor, cette pratique réduit le risque de maladies chroniques associées à l’obésité. Résultat, le quotidien des patients est amélioré dans la majorité des cas. Des bénéfices notoires donc, mais selon l’Académie nationale de Chirurgie, le suivi postopératoire serait encore trop fragile. Explications.
La chirurgie bariatrique est en plein développement en France. Ainsi 40 000 opérations ont-elles été pratiquées auprès de patients présentant une obésité sévère , en 2014. C’est « quatre fois plus qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni ». L’efficacité de cette technique est aujourd’hui bien démontrée. « Cependant, comme pour tout traitement, les bénéfices peuvent s’estomper avec le temps et être associés à des effets secondaires. »
C’est donc en ces termes que l’Académie nationale de Chirurgie dénonce le manque de rigueur dans le suivi. En fait, une fois l’intervention réalisée, beaucoup de patients sortent du parcours de soin, faute de consultations régulières programmées en postopératoires. En 2009, la Haute autorité de Santé (HAS) avait pourtant publié ses recommandations en la matière.
Rester dans le soin « Rares sont les centres qui suivent encore plus de la moitié de leurs patients au-delà de la deuxième année postopératoire », décrit l’Académie. Laquelle s’est réunie le 30 janvier 2015, avec la Société Française et Francophone de Chirurgie de l’Obésité et des Maladies Métaboliques (SOFFCO-MM) pour identifier les obstacles aux soins.
Des professionnels en manque de temps et de formation. Les médecins spécialistes (endocrinologues, nutritionnistes…) « sont occupés par la prise en charge d’autres patients relevant de leur spécialité, et peu disponibles pour suivre les opérés pédiatriques ».
Des patients en marge du soin. « La précarité fréquemment associée à l’obésité sévère constitue un facteur aggravant ». En effet, aujourd’hui l’Assurance-maladie ne prend pas en charge les consultations paramédicales (psychologues, diététiciennes, éducateurs médicosportifs). De nombreux malades ne peuvent accéder à ces soins et risquent en conséquence de reprendre du poids ». « Contrairement à d’autres pays, il n’existe en France aucun moyen de contraindre un patient à être suivi », rappelle l’Académie. Pour autant, des pistes existent pour pallier ces difficultés. Ainsi l’Académie encourage-t-elle à une meilleure couverture de ces actes.
Afin d’éviter que le patient ne sorte du système de soin, elle recommande par ailleurs aux professionnels « de favoriser le travail en équipe ». Enfin, l’action des associations de patients et les avancées de la recherche constituent des leviers essentiels pour renforcer ce suivi postopératoire.
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